CLUPP-Frioul


La desserte du port pour ses usagers

Historique
Etat du dossier

perspectives





Le port du Frioul est un port insulaire, implanté sur l'ile de Ratonneau, en rade de Marseille. Les iles forment le "quartier du Frioul", l'un des quartiers du 7e arrondissement de Marseille, dans le 1e secteur.

Jusqu'en 1970, les iles appartenaient à l'armée, et le port était militaire, bien qu'à l'abandon. Officiellement, personne ne pouvait s'y rendre, les quelques bateaux privés qui y passaient le dimanche étaient tolérés.
Gaston Defferre devait décider d'en faire un port de plaisance, avec un urbanisme contigu, un vrai quartier de Marseille, avec des commerces et des services publics.
Encore fallait-il pouvoir s'y rendre...

Les bateliers qui assuraient sur le Vieux Port les visites touristiques au chateau d'If ont été priés de se regrouper, et d'assurer la desserte des iles nouvellement urbanisées. Ainsi apparait le GACM (Groupement des Armateurs Cotiers Marseillais),  monopole de fait de la desserte du Frioul.
Le projet de Gaston Defferre devait s'enliser après sa mort, faute d'une volonté et d'une rigueur politique qu'aucun successeur ne devait manifester. Les horaires et les tarifs du seul transporteur admis eurent vite raison du quartier : à peine la moitié du programme urbain fut construit, vendu à grand peine, devant l'absence d'école, de médecin, de poste, de police, etc, et le goulot d'étranglement des navettes, chères et rares.
Après avoir été une friche militaire largement bombardée à la Libération, le Frioul devenait une friche urbaine inachevée, déjà à la revente, où se cramponnaient quelques habitants amateurs d'isolement, et 600 plaisanciers qu'on avait mis là sans leur demander leur avis.



1 - L'ère du GACM
Les vedettes vieillotes et charmantes du GACM ont longtemps assuré la desserte des iles, sur la base d'un contrat avec la Ville de Marseille dont le contenu reste un mystère.
Cette desserte folklorique ne s'encombrait guère d'exactitude du service, de la surcharge des navires, de la sécurité ou de la compétence de ses marins, et même de la simple politesse. Ses tarifs "touristiques", parfois réduits pour ceux qui parvenaient à avoir une "carte de résident", n'ont jamais permis aux iles de décoller économiquement.
La Ville de Marseille ayant fait place à la "Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole", la situation, loin de s'améliorer, devait se dégrader lentement. L'incurie des politiques abouti à de multiples manifestations des habitants, et même à cette situation inouïe : la déchéance du contrat arrivé à son terme, laissant un vide juridique de plusieurs années, durant lesquelles le GACM fit ce qu'il voulait.
Jusqu'au jour où MPM obtint enfin que plusieurs candidats répondent à son appel d'offre de Délégation de Service Public.
Avant même le dépouillement de l'offre, un navire de Véolia, le Guillaume Seznec, devait quitter la Bretagne pour faire le grand tour de l'Espagne et parvenir à Marseille... la veille du dépouillement.
Le dénouement fut typiquement marseillais : sous le nez des badauds du Vieux Port médusés, une armée de policiers descendus de leurs fourgons mettaient les menottes et embarquaient tout les membres du GACM, tandis que les vedettes des affaires maritimes investissaient le bassin et embarquaient les vedettes sous scellés. La presse unanime et le 20h national firent leurs titres sur ce coup de filet, évoquant des détournements de fonds, des abus de biens sociaux, et autres trafics financiers nébuleux, comme si c'était une nouveauté. Une brève en page intérieure annonçait le même jour l'attribution de la DSP de la desserte à Véolia-Vivendi, qui mettait illico son navire arrivé à point nommé à disposition, pour une journée portes ouvertes.
Il est vrai qu'on avait grand besoin d'air frais, car comme Mr Chenoz adjoint de Mr Gaudin l'expliquait sur FR3, tout cela n'était qu'une pure coïncidence, nul n'ayant les moyens de coordonner tout ça...


2 - Veolia-Vivendi
Dans un souci de transparence, de concertation et de service aux usagers, MPM a pris grand soin de ne communiquer à personne le cahier des charges de la DSP de la desserte.
Au courant de ce qui se tramait, les conseillers portuaires des plaisanciers réclamèrent vainement communication de ces documents, officiellement et en séance, ce qui était totalement dans leurs prérogatives, telles qu'elles figurent dans le Code des Ports. Un refus systématique leur fut opposé, et quand le réseau des amitiés parvint à contourner l'interdit, il était trop tard. On ne pouvait plus que prendre acte de la situation régalienne créée par MPM.
L'habitude prise avec le GACM de tondre les touristes est désormais officielle dans le contrat de DSP. La notion de continuité territoriale du 7e arrondissement de Marseille est balayée, la loi LOTI sur le transport intérieur bafouée, il faut payer, ou rentrer chez soi à la nage. Mr Roatta, maire de secteur, n'est pas au courant du dossier.
Pour les "résidents", notion floue pas du tout juridique, qui en pratique signifie "tête du client", des tarifs "réduits" permettent à certains de voyager pour 5 euros "seulement". Métro non compris.
Veolia assure le service sans faillir, selon sa DSP, découvre les histoires marseillaises, et compte les points.


3 - Derniers évènements
Les habitants du Frioul et les plaisanciers ont fait les frais, de bonne grâce, de la mise en place du service, émaillée d'incidents divers (pontons coulés par abordage au Vieux Port, grèves de la faim devant la Mairie, bousculades au Frioul pour embarquer, passagers abandonnés sur le quai faute de place, etc). Globalement, chacun considère qu'il y a des progrès majeurs en termes de qualité et de sécurité du service, mais qu'on continue à considérer le Frioul comme une réserve d'indiens, source de revenus pour MPM et Véolia.
Le fret à prix astronomique n'est pas le moindre souci, et le CIQ, ainsi que d'autres associations, ont constitué un "collectif transports"pour tâcher d'obtenir une vraie continuité territoriale.

Les plaisanciers, bien que solidaires de la population, n'ont guère fait de remous jusqu'à présent. Bien que cher et réservé à certains, le passage à 5 euros était injuste, mais supportable. Le dossier n'était de toutes façons pas clos dans l'esprit des conseillers portuaires, qui comptaient bien y revenir depuis leur récente élection.

MPM ne leur en a pas laissé le temps.
Par une délibération en date du 26 Mars 2007, MPM modifie les tarifs de la desserte, et pour faire droit aux revendications du CIQ confortées par le Tribunal Administratif, reporte le bénéfice escompté sur le dos des plaisanciers : augmentation de 60% du tarif réduit, qui passe de 5 à 8 euros au 1e Mai 2007.
Cette délibération a été prise sans consultation du Conseil Portuaire, pourtant expréssement prévue par le Code des Ports.
Contrairement aux habitants qui ne peuvent que pétitionner, parfois porter plainte si la loi est bafouée, les plaisanciers occupent le Domaine Public Maritime de l'Etat, et non le territoire communal, dont MPM n'est que le gestionnaire. Un arsenal législatif conséquent leur permet de se défendre, et même d'interpeller le préfet.


4 - émoi sur les pontons du Frioul
Après l'émoi de la nouvelle, les conversations s'animent sur les pontons.
Plusieurs réunions de plaisanciers ont eu lieu depuis le 26 Mars. Les conseillers portuaires ont adressé une lettre recommandée de protestation aux élus concernés, publié deux communiqués de presse, et ont reçu le soutien de nombre de plaisanciers, de l'APF, du collectif transports.
D'autres plaisanciers, plus combatifs, constituent une association de défense, afin de mutualiser les dépenses et faire circuler l'information, parmi les plaisanciers et dans la presse.
Une plainte devant le Tribunal Administratif est imminente.

De son côté, MPM pédale comme d'habitude. Aucune réponse au courrier des Conseillers, c'est l'usage. Réunion sur le sujet en l'absence des concernés, tentatives de division, de négociations douteuses où il est question de réduction compensatoires sur les amodiations, comme si le budget du port du Frioul était le même que celui des transports de MPM, en infraction avec les règles du Ministère des Finances réglementant la comptabilité des ports...
Mais qui reconnait implicitement l'impact du transport sur le coût réel des amodiations au Frioul...
Et toujours en ignorant superbement les représentants élus des plaisanciers.


5 - Perspectives proches
Après beaucoup d'agitation, de contacts, de mails, d'échanges, une rencontre collective permettra de partager l'information, de partager une stratégie, et de communiquer. Une association de défense devrait s'y constituer, une dynamique spontanée s'étant mise en marche, distincte de l'APF.
La procédure collective sera expliquée, que chacun puisse faire son choix.
MPM semble avoir suspendu l'application du tarif pour l'instant, après avoir dit que c'était inéluctable.
(La réunion s'est finalement tenue le 12 Mai : compte-rendu)


6 - La position de référence des plaisanciers
On doit pouvoir se rendre au Frioul pour un ticket de métro. Un vrai ticket, donnant la correspondance avec le réseau urbain, l'accès aux mêmes tarifs. C'est l'esprit de la Loi d'Orientation sur le Transport Intérieur, qu'on s'échine à contourner.
Pour tout le monde pareil : il n'y a pas de surtaxe "touriste" pour se rendre dans les calanques.
Cette position rejoint celle de l'ensemble des usagers du Frioul, et les plaisanciers en sont totalement solidaires. Le fret doit également pratiquer des tarifs qui ne plombent pas l'économie insulaire.

Pour le reste des dossiers portuaires, on attend simplement l'application de la loi, à commencer par le dialogue avec les représentants des usagers prévus au Code des Ports. Avant de négocier autre chose, c'est une base obligatoire : les plaisanciers souhaitent un port conforme à la loi dans tous ses aspects. On peut discuter du délai pour y parvenir, pas du principe.


7 - aspect particulier de la desserte pour les usagers du port
Le port est un territoire juridiquement particulier, car il appartient à l'Etat. Les usagers paient redevance pour en avoir l'usage, et ne sont pas des "promeneurs anonymes". Il parait inconcevable que la desserte d'un port encaissant redevance pour ses services ne prévoie pas la desserte du port comme une obligation du gestionnaire, en l'occurence MPM.

Il convient de savoir ce que prévoit le contrat de concession de port entre l'Etat et MPM à ce sujet, et d'en faire une base de négociation, si le dialogue est possible. Il serait lassant de devoir retourner au Tribunal Administratif pour se faire entendre.




Les Conseillers Portuaires du CLUPP du Frioul




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